Les sorcières de Zugarramurdi : délire collectif dans un village Espagnol au 17e siècle
Les sorcières de Zugarramurdi : délire collectif dans un village Espagnol au 17e siècle
Les Sorcières de Zugarramurdi.
La vaste chasse aux sorcières de Zugarramurdi. Maria de Ximildegui, née de parents français, était née en pays espagnol, mais à la fin de son adolescence, elle avait été placée pendant quatre ans comme servante à Ciboure en France.
Sabbats
Revenue au foyer, Maria avoua à ses proches que lors de son séjour à Ciboure, elle avait assisté à des sabbats.
Erreur
Heureusement, un jour de carême, elle avait eu la révélation de son erreur et était revenue dans le giron de l’Église.
Sort
Furieuses de sa désertion, les sorcières lui avaient jeté un sort l’affligeant d’une maladie mortelle. L’absolution d’un prêtre lui avait permis d’échapper à un trépas imminent.
Pieuse
Fermement décidée à redevenir la plus pieuse des chrétiennes, Maria de Ximildegui affirma vouloir débusquer les sorcières de Zugarramurdi, qu’elle savait nombreuses, et commença par citer Maria de Jureteguia.
villageois
Une partie des villageois la crurent, mais d’autres, menés par l’époux de l’accusée Esteve de Navarorena, s’insurgèrent contre ses accusations. Le village se scinda en deux clans.
Accusatrice
Esteve ramena l’accusatrice devant sa ferme afin qu’elle s’expliquent en public des attaques portées contre sa femme.
Servante
L’ancienne servante maintint ses accusations, tout en haussant d’un cran l’horreur de ces récits au fur et à mesure que Maria de Jureteguia niait de plus en plus farouchement.
Malheureuse
L’assistance s’excitait et la malheureuse accusée finit par perdre connaissance. Quand elle revint à elle, contre toute attente, elle avoua avoir participé à de nombreux sabbats, entraînée par sa tante Maria Chipia Barrenechea, sur sa lancée et pressée par son confesseur Felipe de Zabatela, la jeune femme se dit persécutée par des démons lui apparaissant en chats, en chiens, en cochons.
Graciana
Graciana, une octogénaire, prit la tête d’une troupe qui alla fouiller les maisons en quète de preuve de pratiques diaboliques.
Condamnés par l'Inquisition, de Eugenio Lucas Velázquez (1862).
Felipe de Zabaleta
Fort de son pouvoir de prêtre dans une petite bourgade, Felipe de Zabaleta enjoignit à toutes les sorcières de se dénoncer.
Torturées
En cas de refus, affirmait l’ecclésiastique, les suspectes seraient horriblement torturées. Il se produisit alors une folie collective et une vague d’aveux de sortilèges
Meurtres
Usage de poudre empoisonnée, ainsi que de meurtres de sept adultes et de dix-huit enfants dont elles avaient sucé le sang.
Coutumes
Dans les coutumes basques, cette affaire n’était pas la première à avoir été réglée par la communauté villageoise.
Confession
Une confession publique, un repentir sincère pouvaient mener à une réconciliation et la vie reprenait ensuite son cours normal.
l’Inquisition
Mais il y eut une fuite. En janvier 1609, l’Inquisition décida de mener sa propre enquête sur cette mauvaise querelle villageoise.
Procès
L’affaire prit la tournure d’un retentissant procès, car les aveux spontanés se multiplièrent et se transformèrent en délire collectif.
Diableries
C’était à qui irait le plus loin dans les diableries. Graciana, qui avait mené la traque aux crapauds dans les demeures de Zugarramurdi, se prétend désormais la reine des sorcières du village.
Sorcières
Beaucoup de femmes avouèrent être sorcières depuis l’enfance, la tâche des jeunes sorcières étant de garder le troupeau de crapauds !
Batraciens
L’une d’elles, ayant manqué de respect à l’un des batraciens, avait été rossée par les autres sorcières. Les sorcières âgées avaient le pouvoir de réduire la taille de leurs jeunes initiées de manière à ce qu’elles puissent passer par les trous de serrure ou les fissures dans les murs.
Sorcière
Chaque sorcière, jeune ou vieille, avec son crapaud apprivoisé, se rendait régulièrement à des assemblées nocturnes où tout le monde forniquait pêle-mêle et évoquait les actes commis, infanticides, vampirisme, cannibalisme, profanation de sépultures et festin de cadavres.
Récits
Comme tous les récits se ressemblaient, les deux inquisiteurs chargés de l’enquête envoyèrent un rapport au Conseil de la Suprême Inquisition.
Persuadés
Ils étaient persuadés de la véracité des faits rapportés par ces villageoises visiblement frappées d’hystérie collective. Se sentant dépassés, les inquisiteurs en appelaient à leurs supérieurs.
Coupable
Dans l’esprit de beaucoup de nos contemporains, l’Inquisition espagnole est la plus grande coupable de la chasse aux sorcières.
Reproches
En fait, malgré tous les reproches qui peuvent lui être faits à juste titre dans d’autres persécutions, elle fut relativement prudente en matière de sorcellerie.
Questionnaire
Le 2 mars 1609, le Conseil de la Suprême Inquisition fit parvenir aux deux inquisiteurs locaux un questionnaire auquel ils devaient soumettre les accusés emprisonnés, en effet, le Conseil voulait savoir si les faits avoués étaient avérés ou relevaient de la pure surenchère d’imagination de gens arriérés.
Preuves
Les inquisiteurs étaient aussi sommés d’apporter des preuves concrètes. Trois inquisiteurs de Logroño en vinrent à la conclusion que tout était vrai et qu’il fallait organiser un autodafé.
Nier
Ceux qui persistaient à nier furent soumis à la torture et très peu continuèrent à nier leur participation au sabbat.
Affaire
Si l’affaire n’avait pas été si sordide et n’avait pas entraîné autant de malheurs, la sorcellerie à la manière de Zugarramurdi aurait de quoi faire rire par sa naïveté et son absurdité.
Sottise
Le plus bel exemple de cette sottise est le rôle dévolu aux crapauds dans cette affaire. Lors de son intronisation, chaque sorcière se voyait confier un crapaud dont elle devait prendre soin.
Diableries
Il représentait son meilleur auxiliaire en matière de diableries.
Donner
Il fallait donc le vêtir et lui donner une nourriture de choix faite de maïs, de pain et de vin. Rassasié, le crapaud recevait quelques légers coups de baguette afin qu’il enfle et devienne vert, que ce fût à cause de la nourriture ou les coups de baguette, le crapaud évacuait ses excréments verdâtres, fournissant ainsi aux sorcières l’onguent indispensable à leur envol.
Bouillie
Il semble que les crapauds devenus peu efficaces dans cette délicate fonction scatologique finissaient, malgré leur statut, en bouillie avec des couleuvres, des salamandres, des limaces, des escargots et des vesses-de-loup afin de composer un excellent poison.
Ennemis
Destiné aux ennemis et même aux proches, comme le raconte une sorcière s’accusant d’avoir ainsi éliminé son propre petit-fils.
Délire collectif dans un village espagnol au 17e siècle.
Bûchers
À Logroño, les bûchers s’allumèrent, faisant de ces villageois aux esprits simples des victimes expiatoires. Celles qui échappèrent aux flammes connurent le bannissement et la confiscation de leurs biens.
Exécution
L’exécution des gens de Zugarramurdi eut lieu en présence de 30 000 spectateurs dont l’imagination fut à ce point frappée que, en très peu de temps, une vague de sorcellerie se répandit comme une traînée de poudre dans toute la vallée.
Hystérie
L’hystérie se répandit alors en Navarre où, dans plusieurs villages, des sorcières furent lynchées sans autre forme de procès.
Accusations
Les enfants, surtout, se montraient de plus en plus prompts à s’accuser ou à porter des accusations sur des voisins, voire des membres de leur famille.
Contrée
Toute la contrée se trouva désorganisée sur le plan économique et, au sein du clergé, certains commencèrent à se poser les bonnes questions.
Venegas de Figuerroa
L’évêque de Pampelune, Venegas de Figuerroa, des jésuites et quelques curés s’insurgèrent. Ils en appelèrent au Conseil de la Suprême Inquisition.
Aveux
Suggérant que ces aveux n’étaient que divagations nées des racontars au sujet des procès de sorcellerie se déroulant en France.
Pedro de Valencia
Ils appuyaient ainsi la version de l’humaniste Pedro de Valencia qui voyait dans cette logorrhée populaire la conséquence d’un « bourrage de crâne.»
Exécutions
Lors des exécutions, lecture était faite au public des turpitudes des sorcières avec un luxe inouï de détails propre à impressionner des gens sans culture ni beaucoup de discernement, l’inquisiteur Alonso de Salazar y Frias, qui avait déjà participé à la toute première enquête, fut à nouveau sollicité.
Sillonner
Il fut chargé de sillonner les villages en folie des Pyrénées et d’y appliquer l’Édit de Grâce, qui absolvait des crimes les plus odieux si un repentir sincère était exprimé.
Tâche
Il s’appliqua à la tâche avec deux interprètes basques et finit par se rendre compte du caractère chimérique des aveux comme des accusations.
Méthode
Salazar décida de changer de méthode. Il délaissa les interrogatoires musclés et la torture pour auditionner (pour user d’un terme moderne) ceux qui avouaient tout à tort et à travers, surtout, pour observer les enfants de certains villages, souvent des délateurs prolixes de premier ordre.
Enquête
Si Salazar, lors de sa première enquête menée à Zugarramurdi, avait cru à la culpabilité des sorcières, il révisa son jugement en relevant les multiples contradictions et les invraisemblances qui lui avaient échappées naguère.
Avouer
Il finit par avouer au Grand Inquisiteur : « Je n’ai pas trouvé une seule preuve, ni même une indication qu’un acte de sorcellerie ait effectivement eu lieu » et il fit son mea-culpa en affirmant que rien ne justifiait des arrestations.
Délibérations
Après de longues délibérations sur base des rapports de Salazar, le Conseil Suprême décida en 1617 de ne plus poursuivre, en Navarre, les sorcières sur simple dénonciation ou rumeur publique.
Affaire
Depuis le début de l’affaire en 1608, des centaines de personnes avaient été accusées et beaucoup condamnées, si leur mort ne fut pas vaine en Espagne, d’autres régions continuèrent à manquer de discernement et à se livrer à la chasse aux sorcières allant au sabbat.
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