Arles-Sur-Tech : la fin d’un mystère ?

 

Arles-Sur-Tech : la fin d’un mystère ?

2000002982373le sarcophage d’Arles-sur-Tech.

Depuis plusieurs siècles, un sarcophage de pierre situé dans une courette de l’église d’Arles-sur-Tech (66) produit une quantité d’eau importante (200 à 300 litres par an en moyenne).

Thèse 

La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d’autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l’histoire, relayées par des médias avides de sensationnel.

Travail

Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60, le panneau situé au-dessus du sarcophage explique encore aujourd’hui que « La Sainte Tombe n’a pas livré son mystère ». 

Conclusions

Quarante ans après, les conclusions de la première étude sérieuse consacrée au « mystère » du sarcophage d’Arles-sur-Tech sont confirmées par de nouvelles recherches.

Sarcophage

Pour la deuxième fois en un demi-siècle, le sarcophage d’Arles-sur-Tech a livré son secret.

Étude

Une étude menée sur plusieurs années vient en effet d’être rendue publique, confirmant ce que l’on savait déjà sur l’origine de l’eau recueillie (essentiellement de l’eau de pluie) et précisant en particulier la part que tient la condensation dans le phénomène.

Publication 

Étonnamment ignorée depuis sa publication (dans La Houille Blanche décembre 1961), l’enquête de trois hydrologues 1, suite à des expériences et relevés effectués avec l’accord des autorités paroissiales, fournissait pourtant des conclusions claires et précises. 

Fond

Le fond du sarcophage est le quasi-imperméable (dépôt de poussières et calcaire). 

Couvercle

Le couvercle du sarcophage est perméable. L’eau met en moyenne 5 jours pour le traverser (2 à 20 jours). 30 % de l’eau de pluie est récupérée. 

Circulation

Il y a peu de circulation d’air entre intérieur et extérieur, donc peu d’évaporation. Il était également dit que l’eau « ruisselle sur le couvercle et pénètre entre couvercle et corps... ». Le travail était sérieux, ses résultats probants, malgré les faits, on continua à afficher un peu partout que la « Sainte Tombe n’a pas livré son secret .» 

Médias

Nombre de médias reprirent cette thèse du mystère, si bien que le plus grand monde n’évoquait pas le travail des hydrologues. 

Émission 

Et quand ils l’évoquaient, à l’image de l’émission Mystères de TF1 (1992), c’était pour prétendre que « les études menées jusqu’à présent laissent un petit peu à désirer ». 

Préciser

Sans préciser en quoi évidemment. Comme il fallait cependant expliquer la présence de l’eau, une hypothèse revint souvent à la surface...

Hypothèse

Cette hypothèse a été évoquée comme la solution à maintes reprises, et ce, depuis fort longtemps. Dans un article de 1975-1976 3 consacré aux puits aériens, C. R. Cheveneau recensait quelques auteurs ayant proposé cette théorie pour expliquer l’eau du sarcophage. 

Capteur

« C’est un capteur d’humidité atmosphérique à rendement élevé » (P. Basiaux, 1933).

Autorités

« L’opinion des autorités de l’abbaye est qu’il s’agit là d’un phénomène naturel, d’une condensation spontanée, qui s’expliquera tôt ou tard par la physique le phénomène considéré comme miraculeux s’explique fort bien par la physique » (H. De Varigny, 1934). 

Circonstances

On se trouve là en présence de circonstances exceptionnelles : exposition au Nord dans une cour profonde où ne pénètre pas le soleil, ensemble architectural environnant comportant des constructions massives formant probablement un volant thermique.

Circulation

Et surtout bonne circulation de l’air chaud et humide déversé par-dessus la paroi sud, se refroidissant au niveau du sol, dont l’humidité se condense dans la cuve du sarcophage (René Colas, 1957). 

Confirmation

Il admet la production d’eau par condensation de l’air, mais reste quand même dubitatif ici (Nicolas Chtechapov 1960).

Plume

Le 27 juillet 1998, sous la plume de J. Vilaceque, le quotidien Midi Libre amenait une « information » étonnante dans le dossier du sarcophage. 

Auvent

Celui-ci était censé se trouver sous un auvent : « Il est là sous son auvent dans une courette à gauche de l’église, posé sur deux socles de pierre de 20 cm de haut ». 

Précisé

Il était également précisé que le sarcophage se remplissait d’eau « tout seul. Sans que la pluie ne l’effleure... » ! 

Livre

Mieux, dans son livre les dossiers scientifiques de l’étrange (Michel Lafon 1999, page 148), Yves Lignon reprenait l’information et ajoutait. « Le sarcophage est bien un sarcophage, pas une citerne ouverte à l’air libre : quand il pleut ».

Mystère

Un nouveau mystère dans le mystère ? Une visite déjà ancienne (H.B.) au site nous avait pourtant clairement montré un sarcophage... À l’air libre. 

Ajouté

Mais un auvent aurait pu être ajouté récemment et MM. Vilaceque et Lignon faire ainsi référence à ce nouvel état des lieux. 

Juger

Afin de juger précisément de la crédibilité de ces deux messieurs, il nous fallait une information complémentaire. 

Fax

Suite à un fax à la paroisse Ste Marie d’Arles-sur-Tech le 16 mai 2001, le curé a eu la gentillesse de nous répondre rapidement puisque son fax nous parvint le 18 mai, il y est dit : « Il n’y a jamais eu d’auvent placé au-dessus du sarcophage d’Arles ni avant ni après 1998 ». 

Classée

L’affaire est donc classée. Elle montre cependant comment peut se créer un mythe : le couple souvenir inexact et absence de vérification (pour le formuler gentiment) par un tenant du mystère est redoutablement efficace.

Auteurs

Et l’on peut parier que dans le futur, d’autres auteurs reprendront l’histoire de l’auvent fantôme.

Piste

La piste de la « paroi froide » n’est donc pas nouvelle. Elle fut privilégiée une dernière fois et présentée encore comme nouvelle par M. Pomarede en 1998 et Yves Lignon en 1999. 

Phénomène

Or, les auteurs de l’étude de 1961 n’excluaient évidemment pas cette hypothèse, mais avaient conclu qu’elle ne permettait pas la production d’une quantité d’eau suffisante pour expliquer le phénomène.

Puits 

Les puits aériens ont fait l’objet de plusieurs expériences et études. Le plus célèbre est sans doute celui de Trans-en-Provence, conçu en 1928 et terminé en 1931, grâce aux travaux de l’ingénieur belge Achille Knapen, lauréat de la Société des Ingénieurs Civils de France.

Ouvrage

L’ouvrage, aux dimensions imposantes (12 m de diamètre à la base, près de 13 m de haut, paroi de 2,5 m d’épaisseur percée d’orifices permettant la circulation d’air, 3 000 plaques d’ardoise afin d’augmenter la surface de condensation) ne put jamais concrétiser les espoirs de son créateur.

Production

La production espérée de 30 à 40 mètres cube par jour ne vint jamais, les résultats des meilleures nuits s’arrêtant à quelques litres...

Essai

À la même période (1929), un essai fut réalisé à Montpellier Bel-Air (Hérault) avec un autre type de récupérateur par condensation. Léon Chaptal, directeur de la station de bioclimatologie agricole de Montpellier, qui mena ces travaux.

Pyramide

L’ouvrage, une pyramide de pierres calcaires d’environ 13 mètres cube érigée sur une base bétonnée, ne fournit que 0,2 à 0,5 litres par jour.

Calculer

À partir de ces travaux, on pouvait « calculer » que le Sarcophage d’Arles-sur-Tech, avec son volume « global » inférieur à un mètre cube ne pouvait se remplir uniquement ni même essentiellement par le phénomène de condensation.

Article

Un article vient de paraître dans la revue scientifique internationale Atmospheric Research. C’est le résultat des recherches d’une équipe menée par D. Beysens, du Commissariat à l’Énergie Atomique.

Relevés

Après trois années de relevés, le résultat est sans ambiguïté ; la production d’eau est due au bilan global de trois phénomènes : eau de pluie, condensation et évaporation. 

Quantité

La quantité d’eau issue de la condensation est six fois plus élevée que celle qui s’évapore, et la condensation produit en moyenne 10 % de l’eau présente dans le sarcophage : l’eau de pluie représente ainsi 90 % du phénomène.

Hydrologues

Les trois hydrologues de 1961 n’étaient pas aussi « nuls » que certains voulaient le faire croire.

Science

Pour la science, le « mystère » est une nouvelle fois éclairci. Mais pour ceux qui ont la Foi, et quelques autres de mauvaise foi, nul doute que cette nouvelle étude ne suffira pas.

Auteurs

Cependant, les auteurs de cette nouvelle recherche portent une appréciation critique envers les résultats des trois hydrologues sur deux points.

Début

Ils supposent qu’au début des mesures du niveau d’eau dans le sarcophage effectuées en 1961, celui-ci était vide. 

Rapport

Or, une lecture attentive du Rapport technique de 1961 permet de démontrer que ce n’était pas le cas. À partir de cette opinion (fausse), Beysens et al. remettent en question l’explication de la durée moyenne du décalage observé.

Contestent  

Ils contestent le degré de porosité du couvercle ( « Nous pensons que le marbre peut être poreux sur une épaisseur de quelques millimètres, mais pas en son cœur. » ), oubliant que des expériences sur le sarcophage lui-même avaient permis d’attester cette porosité. 

Courriers

Suite à plusieurs courriers, les réponses de D. Beysens n’ont pas permis d’obtenir des arguments qui puissent étayer sérieusement les opinions des auteurs, un dossier plus complet sur cet aspect de l’affaire sera bientôt disponible sur le serveur du Laboratoire de zététique.

Solution

Le dossier du sarcophage d’Arles-sur-Tech et la solution datant de 1961 sont disponibles depuis très longtemps. 

Réponse

En effet, en réponse à la célèbre émission Mystères de TF1 en 1992, un dossier explicitant la solution était publiquement accessible dès cette date sur le serveur de l’université de Nice. En 1996.

Site

Avec l’ouverture de son site internet, le Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon mettait en ligne une synthèse de ces éléments.

Arguments

Début 2001, le site du Laboratoire Universitaire de Zététique, Centre J. Theodor d’étude des phénomènes paranormaux, reprenait et complétait le dossier, répondant notamment aux arguments critiques (et ridicules...) contre l’étude de 1961.

Résurgence

La nouvelle résurgence de l’hypothèse « paroi froide » comme explication du phénomène. 

Origine

Nous sommes en droit d’espérer que, suite à cette claire confirmation de l’origine de l’eau qui remplit le sarcophage d’Arles-sur-Tech, nous puissions enfin voir une plaque (et entendre des médias) annonçant.

Secret

« La sainte Tombe a livré son secret. Pluie et condensation ».

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