Manech le Diable : l’affaire des apparitions de Saint-Palais

 

Manech le Diable : l’affaire des apparitions de Saint-Palais

2000002982373Et si Jean Lamerenx avait finalement aperçu le diable ? 

En 1876, un jeune berger âgé d’une douzaine d’années affirme avoir vu apparaître la Vierge Marie dans un bois situé à l’entrée de la ville de Saint-Palais, en Basse-Navarre. Mais que raconte exactement le jeune homme ?

Berger

Au curé et aux fidèles qui l’interrogent, le jeune berger affirme que l’Immaculée-Conception lui apparaît dans une tenue assez particulière : vêtue d’une robe blanche, la dame serait coiffée, dit-il, d’une couronne d’or et d’une auréole au-dessus de la tête.

Bottines

Il rajoute que « Notre-Dame serait chaussée…De bottines à élastiques », un détail loufoque qui ne manque pas d’étonner, le mot est faible, les hommes d’église, lesquels ont étudié à la loupe les apparitions mariales de Lourdes en 1858.

Jean Lamerenx

Jean Lamerenx finit par jeter un sérieux doute lorsqu’il affirme que « jamais il n’entrera dans les ordres, les curés n’étant poussés à leur vocation que par le désir », je cite, « de manger de la volaille ».

Apparition

Avril 1877, une année a passé depuis la première apparition à Saint-Palais. Les fêtes de Pâques approchent et l’agitation continue. Lassé de toutes ces sollicitations ferventes, l’adolescent craque. Il confie en secret à l’un de ses camarades qu’il a en réalité tout inventé.

Vu

Jean admet qu’il n’a en réalité jamais vu la Sainte-Vierge. L’adolescent soutient maintenant qu’il a vu apparaître… le Diable, lequel lui aurait dit en ces termes : « si tu fais ce que je te dis, tu seras riche. Si tu me dénonces, tu mourras ! ».

Jure

Jean Lamerenx jure avoir accepté ce pacte avec Satan en inventant de toute pièce les pseudo-apparitions de la Vierge. Bouleversé, son camarade répète aussitôt la sulfureuse confession qui fait le tour de la ville en un rien de temps. Lorsqu’il apprend ce volte-face, le sang du procureur ne fait qu’un tour.

Ordre

Il donne ordre aux gendarmes d’interpeller le plaisantin et de l’interroger : « alors Jean, qui as-tu vu exactement, la Vierge, le Diable ou bien personne ? ». Apeuré par ce ton menaçant, Jean livre maintenant une troisième version. Ses « visions » ne sont que mensonges : il n’a vu ni Vierge, ni Diable. Il a joué la comédie une année durant en s’amusant copieusement de la crédulité de ses semblables.

Adolescent

L’adolescent soutient maintenant qu’il a vu apparaître… le Diable, lequel lui aurait dit en ces termes : « Si tu fais ce que je te dis, tu seras riche. Si tu me dénonces, tu mourras ! ». Jean Lamerenx jure avoir accepté ce pacte avec Satan en inventant de toute pièce les pseudo-apparitions de la Vierge.

Procès

Son procès s’ouvre quelques mois plus tard devant le Tribunal de Saint-Palais. Aux yeux des juges et du public, le jeune berger est un esprit faible qui inspire l’indulgence voire la pitié.

Farce

Nul ne croit qu’il ait inventé cette farce tout seul. Ne sachant ni lire, ni écrire, comment Jean Lamerenx aurait-il livré le récit d’une apparition de la Vierge qui s’inspire trop fidèlement des évènements survenus à Lourdes, deux décennies plus tôt, en 1858 ?

Adultes

Qui sait si des adultes mal intentionnés ne lui ont pas forcé la main pour en profiter. Les juges décident de se montrer magnanimes. Jean, que chacun surnomme ici Manech, ne retournera finalement pas en prison.

Canonisée

Si Bernadette Soubirous a été canonisée un siècle plus tard, l’histoire a oublié Jean Lamerenx. Et pourtant. Dieu seul sait si certains esprits gourmands n’ont regretté à l’époque que la capitale du Pays de Mixe ne devienne une ville sainte de pèlerinage, célèbre pour sa source miraculeuse…

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